Session Ordinaire de 2014-Deuxieme partie-quatorzième séance- Mercredi 9 Avril 2014

Sur le rapoort: « Améliorer la protection et la sécurité des utilisateurs dans le cyberespace » (Doc. 13451), presente par Mr.Fischer

Mme BİLGEHAN (Turquie) – Savez-vous que même le pape François aurait qualifié internet de « cadeau de Dieu donné à l’humanité » ?

Internet est devenu un élément central de la vie quotidienne de 2,5 milliards d’utilisateurs dans le monde. L’opinion qui prévaut aujourd’hui est que l’accès à internet devrait être reconnu comme un droit fondamental. Notre présidente Anne Brasseur a même comparé cette socialisation et cette démocratisation du savoir à l’invention de l’imprimerie.

La Toile est un outil majeur pour tout le monde. Elle offre un immense espace de communication, un lieu de rencontre, d’échanges d’idées, de mobilisation. Par exemple, dès la levée de l’interdiction de Twitter en Turquie, un appel a été lancé parmi les internautes pour chercher un petit garçon de 3 ans et demi égaré qui avait disparu de sa maison située dans la banlieue d’Istanbul. Internet est donc utilisé à des fins bénéfiques.

L’efficacité d’internet a été maintes fois prouvée lors de grands événements politiques : le mouvement des Indignés en Espagne, Occupy Wall Street aux Etats-Unis, le « printemps arabe », les manifestations du parc Gezi en Turquie. Grâce à internet, des millions de gens normalement silencieux, voire apolitiques, se sont réunis à propos de questions spécifiques qui les touchent directement.

Nous savons aussi que l’effet des médias sociaux est plus important sur les jeunes. Ces derniers suivent l’actualité sur leur portable et, non seulement ils sont immédiatement au courant de n’importe quelle nouvelle, mais ils ont la possibilité de commenter et de critiquer les événements. Ils ne sont plus des lecteurs passifs ; grâce à internet, ils sont devenus des écrivains actifs – fût-ce en 140 caractères !

Internet compte surtout là où la démocratie est en danger, où les médias traditionnels ne jouent plus leur rôle de quatrième pouvoir. Sous l’emprise du parti au gouvernement, internet peut devenir, sous différents prétextes, un lieu de censure.

Comment ne pas soutenir les deux rapports ?

Une question cruciale est posée : comment trouver un modèle de gouvernance d’internet qui préserve la liberté et la sécurité en ligne tout en respectant les droits humains, en particulier la liberté d’expression telle qu’elle est définie par l’article 10 de la Convention ? Car il faut aussi voir le revers de la médaille : comment protéger l’utilisateur individuel des activités criminelles perpétrées en ligne ? Je me réjouis donc qu’un forum sur la gouvernance d’internet se réunisse bientôt à Istanbul : c’est vraiment l’endroit idéal !